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"A l'aveugle". des limites de l'exercice de style

Suivant une enquête mouvementée sur une série de meurtres, "A l'aveugle" se risque à livrer presque immédiatement l'identité de l'assassin, afin de faire porter toute la lumière sur le duo de frères ennemis qu'il forme avec l'inspecteur. Le tandem Gamblin/Wilson fonctionne bien, Xavier Palud filme sans fioritures, mais l'intrigue, poliment conforme aux règles du genre, manque de souffle et d'idées. L'ensemble reste distrayant si l'on a la mémoire courte, mais ne convaincra guère les amateurs.

Le Monde | 06.03.2012 à 14h00 | Par Noémie Luciani

Paris, de nos jours. Une jeune femme est assassinée dans son appartement et méthodiquement découpée en morceaux. C'est le premier maillon d'une chaîne de meurtres parfaits que le commandant Lassalle, dangereusement fragilisé par la mort de sa femme, doit tenter de résoudre. Un film de genre. en somme.

Le polar parisien de Xavier Palud se construit autour d'un pari difficile. donner très vite l'identité du tueur, afin que l'enquête ne porte plus sur le nom mais sur l'être même, tel que l'identifient ses motifs. Cherchant d'abord avec le spectateur une cible mouvante et sans nom, la caméra fait presque immédiatement le point sur un visage, et lui donne un miroir. le commandant Lassalle, que l'on découvre et qui se découvre en frère ennemi du meurtrier aveugle, Narvik (Lambert Wilson). Les deux hommes se cherchent et se chassent, ne sachant pas s'ils veulent neutraliser. comprendre. ou laisser fuir.

Semblables duels ont déjà donné au cinéma de bien belles heures. on pense à Reservoir Dogs. de Quentin Tarantino, ou encore Heat. de Michael Mann, devenu un emblème du genre.

A cet égard, le tandem Wilson/Gamblin reste plutôt convaincant. Gamblin/Lassalle, ne sachant plus s'il lutte pour la justice des hommes ou contre son désespoir, garde même dans la colère cette retenue intéressante de celui qui en a beaucoup vu. Wilson/Narvik, solidement appuyé sur un beau travail de gestuelle et d'attitude, construit un personnage d'homme tranquille dans sa dévoration intérieure, et fait presque oublier que le criminel infirme tient plus souvent du cliché que des règles du genre.

Le reste, cependant, peine à convaincre. La mise en scène évite les maladresses, et Xavier Palud prend le temps de poser sa caméra, ce dont on lui sait d'autant plus gré que la pratique, dans un film d'action où l'on se poursuit en voiture. a tendance à se faire rare.

Mais le genre pèse lourd et l'histoire. trop peu inventive pour s'en émanciper. lasse vite. Elle souffre de cette maladie d'explicitation si dangereuse lorsque le polar est tenté de renoncer au combat par les armes pour se livrer au duel des esprits. Toutes les raisons sont claires, toutes les histoires s'exposent. Lentement mais sûrement, les caractères perdent de leur mystère.

Le dernier voile levé, A l'aveugle s'avère plus proche de Michael Bay que de Michael Mann, et de Rock que de Heat .

Film français de Xavier Palud avec Jacques Gamblin, Lambert Wilson et Raphaëlle Agogué. (1 h 34.)