Top Cops regarder en ligne 1440p

    • Top Cops
    • (Cop Out)
    • États-Unis
    • -
    • 2010
  • RĂ©alisation. Kevin Smith
  • ScĂ©nario. Robb Cullen, Mark Cullen
  • Image. David Klein
  • Montage. Kevin Smith
  • Musique. Harold Faltermeyer
  • Producteur(s). Marc Platt, Polly Johnsen, Michael Tadross
  • InterprĂ©tation. Bruce Willis (Jimmy), Tracy Morgan (Paul), Adam Brody (Barry Mangold), Ana De La Reguera (Gabriela), Guillermo Diaz (Poh Boy), Seann William Scott (Dave)…
  • Date de sortie. 23 juin 2010
  • DurĂ©e. 1h40
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On achève bien les flics, par Romain Genissel

Film de commande, Top Cops est cet objet putassier qui, sous couvert d’une appartenance au genre buddy-movie. poursuit généreusement la production et la consommation de films dont l’étrange particularité est de dévoiler zéro idée à l’heure. Force est d’avouer alors que notre dénomination le rangera dans le tiroir du « film du pauvre » ou à l’intérieur du label consacré et plus communément admis. le nanar.

Top Cops tente de s’inscrire dans la droite lignée d’un genre que l’on a intitulé les « buddy-movie ». Ce genre qui a connu ses heures glorieuses dans les années Reagan met en scène une paire de flics aux personnalités antagonistes et dont l’originalité est de travailler de manière autonome par rapport à leur hiérarchie (sans toutefois être des mavericks au cœur du système). Production qui s’adresse le plus souvent à ces messieurs, le buddy-movie est un mix entre le film policier pour le canevas et la comédie, pour les dialogues censés naître d’une doublette de personnages antithétiques (le flic noir et le blanc). Symptomatiques de la structure binaire et de la forme burinée que le cinéma américain a remises au goût du jour à l’orée des années 1980, ces films n’ont jamais fait dans la dentelle pour exhiber pectoraux, dialogues qui tâchent et sirènes pyrotechniques pétaradantes comme un barillet déchargé. De films plus ou moins réussis comme le séminal et euphorisant Canardeur de Michael Cimino à des étendards purement eighties comme L’Arme fatale. le buddy-movie s’est perpétré dans les années 1990 avec des blockbusters tels le savoureux Une journée en Enfer ou la pitrerie martienne Men in Black. Aujourd’hui identifié comme modèle lucratif sous les palmiers d’Hollywood, le genre a fait des émules un peu partout dans le monde et s’est davantage réfugié sous ses dehors comiques pour faire passer la pilule aux fans qui suivent le filon, gentiment vautrés sur leur fauteuil, sans aucune autre perspective que celle de se fendre la poire. C’est le cas navrant de l’amateur du genre Kevin Smith qui semble plus spectateur que réalisateur de son Top Cops nullissime et définitivement décérébré.

Interprété par l’icône du genre, Bruce Willis, et le soi-disant comique américain Tracy Morgan, Top Cops ne rivalise pas d’ingéniosité pour jouer avec les codes et s’inscrire au-delà de la tradition du genre. Il pourrait d’ailleurs en symboliser l’asphyxie tant il se gave de références sans apporter sa pierre ou ne serait-ce qu’un pauvre galet à l’édifice. L’histoire ne tient effectivement pas debout puisqu’elle est gouvernée d’une patte assez grotesque et bouffonne. Bruce Willis (Jimmy Monroe) et Tracy Morgan (Paul Hodges) doivent récupérer une précieuse carte de baseball qui pourra financer le mariage en grande pompe de la fille de Jimmy et redorer enfin l’image de paternel absent de Bruce Willis. Leur enquête les mène alors sur la piste d’un gang de mexicanos armés jusqu’aux dents. Manifestement amateurs puis dépassés par les événements, notre duo de guignols vont se risquer à des poursuites à vélo, déraper sous l’infortune crasse, se faire remercier par leur hiérarchie et finalement arrêter les méchants à la fin de l’aventure. Imbroglios scénaristiques, délires potaches et dialogues mal inspirés sont les ingrédients et les rouages qui cimentent cette comédie dont on jurerait qu’elle n’a jamais été pensée (à défaut, par exemple, du désopilant Hot Fuzz ).

Tout le film est exécuté, torché à la va-vite comme si un primate découvrait un appareil enregistreur tombé du ciel et que de ses doigts graisseux et malhabiles il parvenait difficilement à trouver- peu importe d’ailleurs sa position et celle de ses acteurs- le bouton d’enregistrement. Après un générique digne d’un pilote de série télé où les acteurs sont filmés comme des stars avant d’incarner des personnages à l’écran, suit une séquence de torture « comique » où le baveux Tracy Morgan cuisine un prisonnier en entamant un best-of guignol d’imitations des stéréotypes du genre. L’interprétation dégoulinante d’excès, le découpage épileptique et la dépense paroxystique qui se jouent à l’intérieur de cette séquence-sketch laissent pantois et décrédibilisent assez durement tout ce qui peut advenir par la suite. Cette épreuve de fatigue inaugurale ne dévoile alors plus qu’une comédie graveleuse où l’on assiste, consterné, à un naufrage où l’on suppose que notre rire suive celui des flics observant cette même scène derrière le miroir sans tain du commissariat, un peu comme s’il devait obéir à ceux enregistrés pour les pauvres séries télévisées des années 1990. La soi-disant portée comique de l’affaire qui se déroule et varie autour de dialogues ridicules, de rebondissements carnavalesques renforce l’idée qu’on assiste à un film qui fonce droit dans le mur de la débilité reine.

Connu pour son art du dialogue qu’il a enfantĂ© avec cette lointaine ode Ă  la glande white-trash qu’est Clerks. Kevin Smith semble donc abandonner son film Ă  un public qui pourrait ne pas faire trop de cas du laisser-aller gĂ©nĂ©ral de tous ces Ă©lĂ©ments de ce que l’on n’ose plus nommer mise en scène (rĂ©alisation, montage, directions d’acteurs…). Et mĂŞme si Ă  l’intĂ©rieur de tout ce foutoir, on peut enfin trouver une ou deux manières de jouer avec les lignes de dialogue (voire les sĂ©quences oĂą le bel Ă©chappĂ© Seann William Scott rĂ©pète, devance et enchâsse chaque fin de rĂ©plique de ses partenaires), le constat de cette comĂ©die potache reste assez Ă©difiant pour le taire.

Mais comme on ne tire pas sur une ambulance, on ne s’étendra pas sur la reprise musicale du « duelling banjo » de Délivrance qui devrait agacer plus d’un amateur de l’une des plus puissantes séquences du cinéma américain des années 1970. Car il est clair que Top Cops aurait dû subir la même relégation que les films précédents de Kevin Smith, en allant droit vers le catalogue DVD sans passer par la case cinéma. Film déjà vilipendé par la critique américaine, bientôt piétiné par quelques formules bien senties des plumes de la critique française, Top Cops ne suscite aucun sentiment hormis celui de constater qu’il n’est qu’un déballage mort-né à l’image du cynisme actuel de la production hollywoodienne. En somme, une espèce de bout de papier noirci par des garçons mal inspirés, qui du haut de leur cercle identifié « rois des geeks », semblent persuadés d’être d’irrésistibles boute-en-train.

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